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BeeMEDIAS

L'INFO DU VRAI , UN MEDIA DIRECT

Internet, la pollution cachée

Quoi de plus merveilleux qu’une naissance ? Rebecca fait la joie de ses parents, qui s’empressent d’envoyer leurs premières photographies sur les réseaux sociaux et le faire-part de naissance par courriel… Mais voilà, toutes ces données numériques ont un coût – exorbitant – en énergie et donc en matières premières. C’est la pollution cachée, celle du voyage entre le bouton « envoi » et la réception sur écran.

Les routes de l’information « sentent l’humidité et la poussière », précise fort justement la voix off dans le reportage : les millions de kilomètres de fibre optique et de câbles qui font transiter les masses d’informations sont le plus souvent enfouis dans des dédales d’égouts, de canalisations et autres tubes sous-marins, pour aboutir dans d’immenses centres de traitement des données (ou datacenters) qui traitent, stockent ou réorientent nos données.

Dans le monde, cent heures de vidéo sont déposées chaque minute, deux millions de recherches sont faites sur Google. Un mail avec une pièce jointe équivaut à 25 watts par heure selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Et en une heure, plus de dix milliards de courriels sont envoyés, soit l’équivalent de 4 000 tonnes de pétrole. Aujourd’hui, plus de CD, mais des listes de lecture, plus de lettres, mais des courriels, et de plus en plus de données stockées gratuitement dans le cloud. Un volume de données qui double tous les deux ans.

Google a lui seul exige autant d’électricité que la ville de Bordeaux pour faire fonctionner ses « usines Internet ». Ces datacenters, hypersensibles, aux allures d’immenses hangars, fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sont excessivement gourmands en énergie et nécessitent d’être refroidis en permanence. La climatisation, indispensable, représente près de 40 % de leur facture électrique globale.

En Ile-de-France, il y a 35 datacenters, essentiellement situés en Seine-Saint-Denis, au nord de Paris. Les friches industrielles d’Aubervilliers, Pantin, La Courneuve ou Saint-Denis, qui accueillaient auparavant les usines polluantes de verre, de métallurgie puis de chimie, sont maintenant le centre névralgique du traitement de données numériques. Aux Etats-Unis, c’est en Caroline du Nord que tout se passe : 5 % de l’électricité de la région est utilisée par les principaux centres de Google, Apple et Facebook. Mais cette électricité, principalement fabriquée par des centrales thermiques au charbon, augmente le dérèglement climatique de façon préoccupante et détruit le milieu naturel en décapitant des montagnes entières dans les Appalaches où est extrait le combustible.

Froid et implacable, mais richement documenté et judicieusement pédagogique, ce documentaire nous plonge dans les dessous de nos vies numériques, qui prennent de plus en plus de place, de temps et désormais d’énergie dans nos vies bien réelles.

 

Coline Tison, Laurent Lichtenstein - (France, 2012, 52 min).

Diffusion le mardi 17 juin à 21 h 35 sur France 5.

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